L'histoire des cerfs-volants

Le Home Empain

Le Home Empain

Le Home Empain

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La maison des héliotropes

La maison des héliotropes

Tout d’abord, les Cerfs-Volants n’ont pas toujours été les Cerfs-Volants. C’est le nom donné à notre pouponnière lorsqu’elle s’est installée à Schaerbeek dans la maison des Héliotropes en février 1999.

Autrefois notre ASBL s’appelait la Pouponnière Empain du nom du mécène qui l’avait soutenue. Elle occupait un étage entier dans des locaux anciens situés à Auderghem depuis de très nombreuses années.
A l’origine, il y avait une maternité pour filles-mères tenue par une congrégation religieuse d’Anvers où de jeunes femmes seules pouvaient venir accoucher plus ou moins discrètement. Être fille-mère au XIXe et XXe siècle était très mal considéré. Une fille-mère était une jeune femme enceinte qui n’avait pas de mari. Les circonstances dans lesquelles la grossesse avait commencé n’étaient jamais prises en considération ; amourette d’été, viol, rapports forcés sous pression hiérarchique ou familiale, tout était mis dans le même sac, et dans tous les cas la honte était sur la jeune mère souvent rejetée par sa propre famille.
Avec le temps, cette maternité n’a plus accueilli d’accouchements mais les enfants nés en dehors du mariage avaient quand même souvent besoin d’un lieu d’accueil. L’institution s’est peu à peu transformée en home (Home Empain asbl). Au début des années 80, la pouponnière (enfants de 0 à 3 ans) a été isolée du home avec les enfants plus grands. Elle occupait le 1e étage du vaste bâtiment avenue Joseph Chaudron qui abrite encore aujourd’hui l’école Sainte Bernadette. Toutefois l’aile dans laquelle se trouvait la pouponnière a été profondément rénovée.

Au début des années 90, les locaux ont été déclarés insalubres et il a fallu chercher à se recaser. La congrégation propriétaire a très généreusement fait donation des locaux à l’asbl et c’est la vente de ces locaux qui a permis d’envisager l’avenir avec optimisme. Mais ce n’était pas gagné. Tout d’abord la santé financière de la pouponnière n’était pas bonne car le financement par l’ONE et le ministère de la Justice était très insuffisant. Nous n’avions aucun fond propre à part le produit de cette vente (en 1997). Mais nous ne manquions pas de courage !

Un compromis de vente avait été signé pour l’achat d’un terrain à Woluwe-St-Lambert. Le bourgmestre de l‘époque, Georges Désir nous avait assuré que nous étions les bienvenus dans sa commune. Un dossier complet a été préparé par l’architecte Sébastien Dierckx et soumis à l’urbanisme de la commune. Aussitôt un comité de quartier de la rue des Dix Arpents s’est constitué et a attaqué le projet avec une extrême violence (crainte des nuisances, méconnaissance complète du projet et, pire, refus de le comprendre). Devant cette levée de boucliers la commune a fait marche arrière et le dossier a été refusé sous l’un ou l’autre prétexte. Évidement l’argent engagé dans le projet a été partiellement perdu…

Diverses maisons ont ensuite été visitées à Ixelles, Etterbeek et Schaerbeek et c’est finalement la maison des Héliotropes qui a été achetée. Là encore un comité de quartier très agressif a tenté d’empêcher notre installation mais nous avons simultanément reçu des appuis tout à fait inattendus des amis de St Vincent de Paul, de la section des jeunes du Parti Socialiste de Schaerbeek et, surtout, de la sénatrice Clotilde Nyssens (PSC) qui habitait la même rue. C’était une prise de position très courageuse de sa part car elle faisait partie du comité de quartier depuis longtemps, mais avait refusé d’être solidaire dans ce dossier-là. On peut regretter par contre que la paroisse ne nous ait pas fait bon accueil…
Malgré ces difficultés la commune n’a pas remis le projet en cause et nous avons pu nous installer là où nous sommes aujourd’hui, depuis 20 ans déjà… L’acquisition de la maison a été possible grâce à un subside de la Région Bruxelloise (25% du budget), à un prêt à faible taux du Crédit Communal et un autre prêt de la Fondation Marguerite-Marie Delacroix avec des conditions de remboursement très souples.
Peu avant le déménagement, la pouponnière a changé de nom. Contact avait été pris avec la famille Empain pour les consulter et ils nous laissaient libres de choisir un nouveau nom. L’idée du cerf-volant prenant son envol nous avait semblé une belle allégorie pour les enfants habitant l’institution dans l’attente d’un (re)démarrage dans la vie.

En 20 ans la pouponnière a profondément évolué. En premier lieu les nouveaux arrêtés sur le financement de l’aide à la jeunesse ont rapidement permis d’avoir la santé financière que la pouponnière avait eu tant de mal à trouver par le passé. Les prêts à la banque et à la Fondation ont tous été remboursés et les Cerfs-Volants n’ont actuellement plus de dettes.

Ensuite, la population des enfants a beaucoup changé. L’accent politique sur le travail en famille plutôt que le placement a retardé le moment où des enfants arrivaient à la pouponnière. De nombreux « placements » ont sans doute été évités, mais ceux qui étaient devenu inévitables concernaient des situations très problématiques (santé, justice, pauvreté extrême…). La durée de séjour s’est aussi peu à peu allongée et l’agrément initial de 0 à 3 ans est passé à 0 à 6 ans (presque 7), avec de plus grands enfants, souvent scolarisés près de la pouponnière. Les rythmes de vie ont changé et les locaux qui convenaient à de tout petits enfants n’étaient plus aussi accueillants pour de grands enfants. Les normes d’hygiène et les normes d’incendie évoluent et notre bâtiment n’est plus un modèle à ce sujet.
Pour toutes ces raisons les Cerfs-Volants ont maintenant décidé de déménager.